Vairagya, le détachement.
Un sujet qui m'est chère et que je questionne fréquemment surtout quand je me heurte à la difficile réalité. Quand ma vie de jeune femme est chahutée par les contradictions entre philosophie orientales yogiques et un quotidien parfois bien terre à terre. J'ai trouvé ici intéressant de mettre en résonance cette notion de détachement avec la vision de Jung sur le lien entre conscient et inconscient. Des pistes que je joue à entremêler pour avancer plus sereinement.
Vairagya, c’est ne pas s’attacher au monde extérieur, visible, à tout ce que nos organes sensoriels peuvent percevoir. Cela ne veut pas dire ne pas voir, ne pas toucher, goûter, entendre ou sentir mais juste ne pas s’attacher. Cela signifie modérer nos désirs, surtout envers ce qui nous attire le plus (nos postures préférées aussi), afin d'éviter une passion excessive, dévorante, susceptible de se transformer en haine ou aversion. C’est décolorer l’action de toute frénésie, de toute avidité ou ardeur stérile y compris par rapport à la pratique du yoga, qui parfois peut devenir une forme d'addiction remplaçant une autre sans pour autant briser ce lien de dépendance toxique.
Pour expérimenter ce détachement, il est essentiel d'identifier nos tendances à l'excès de contrôle, même (et peut-être surtout) sur le tapis. Le non-attachement ne consiste pas à refouler ou à se priver de quelque chose. Ce n'est pas simplement un acte psychique de renoncement, qui pourrait rapidement mener à la frustration. Il s'agit de prendre conscience de nos patterns, des répétition d'un désir et l'identifier à son objet qui conduit à la dépendance, laquelle diminue notre autonomie et notre liberté, nous rendant tributaires de facteurs extérieurs pour notre stabilité intérieure. Dans nos vies occidentales, il est aisé d'identifier ce lien néfaste avec la nourriture, l'accumulation biens matériels, de conquêtes et même les connaissances intellectuelles...
Cependant, le non-attachement ne signifie pas être indifférent ou rejeter. Apprécier la nourriture n'est pas incompatible avec le Yoga, mais se laisser submerger par un besoin devenu une dépendance peut finir par devenir une forme d'asservissement qui compromet la stabilité recherchée par le pratiquant de yoga. D'un autre côté, il est également essentiel de ne pas tomber dans un détachement excessif, une indifférence qui rend insensible au monde et peut conduire à un repli égocentrique. Le détachement n'empêche pas le partage avec les autres, au contraire, il laisse de l'espace à chacun pour trouver sa voie, pour évoluer librement. Il s'agit de trouver un équilibre, propre à chacun, dans lequel une harmonie peut s'épanouir.
Plus on prend conscience de soi-même, grâce à la connaissance que l’ont en acquiert petit à petit, et grâce aux rectifications de comportement qui en découlent, plus s’amincit et disparaît la couche de l’inconscient personnel déposé, tel un limon, sur l’inconscient collectif. En suivant pas à pas cette évolution, se crée petit à petit un conscient qui n’est plus emprisonné dans le monde mesquin, étroitement personnel et susceptible du Moi, mais qui participe de plus en plus au vaste monde des choses. Ce conscient élargi se distancera peu à peu de cet écheveau égoïste et ombrageux de souhaits personnel, d’appréhensions, d’espoirs et d’ambitions, toutes tendances qui devraient trouver dans l’être des compensations ou même des rectifications, grâce aux tendances personnelles, opposées et inconsciente. Ce conscient renouvelé deviendra un foyer relationnel, une fonction jetant une passerelle vers l’objet et le monde des choses, qui impliquera et intégrera l’individu dans la communauté indissoluble avec le monde, communauté ou l’être se sent engagé et responsable.
Carl Gustav Jung ‘Dialectique du Moi et de l’inconscient’ p123-124.
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